Trois jours Saints pour vivre Pâques

Jeudi Saint, Vendredi Saint, Samedi Saint, trois jours pour descendre jusque dans la nuit de la Vigile Pascale et repartir avec la Lumière vers le matin de la Résurrection. Des jours saints, voilà ce qu'ont pu vivre, dans le groupement paroissial de Catus-Cazals, celles et ceux qui ont poussé la porte des églises de Montcléra, du Dégagnazès et des Arques pour vivre le Triduum Pascal. Des jours saints dont la densité continue d'ondoyer plus d'une semaine après, nous laissant dans la lumière de Pâques, joyeux.

L'église de Montcléra est fleurie, pleine, belle évidemment, ce Jeudi Saint pour revivre avec le Christ, la Cène, l'institution de l'Eucharistie, la première messe. L'église est pleine et elle retient son souffle quand les paroles du Christ montent à l'autel : "Prenez et mangez". Nous sommes les convives, les invités. Et nous savons quel chemin le Christ va arpenter pour pouvoir nous donner son corps. Puis l'autel est dépouillé, les ornements sont retirés, dans un mouvement feutré, nous accompagnons le Christ au Jardin des Oliviers, nous sommes les apôtres qui ne tiendront pas éveillés. Nous repartons dans le silence, nous allons nous coucher. Le Christ reste seul au Reposoir. Il attend.

Il nous attend et nous retrouve le Vendredi, au Dégagnazès, notre sanctuaire marial, celui de Notre-Dame de la Compassion. La foule se forme, joyeuse de se voir si nombreuse (nous sommes deux cents !) on se salue, on retrouve des visages, le soleil nous fait plisser les yeux et nous agaie. Mais lorsque le tambourin roule, il pose un silence qui pèse soudain sur la prairie. Le voilà.

Le père Philippe Olivier nous avait pourtant prévenu depuis quelques dimanches, nous suivrions la très belle croix devant laquelle priait notre Saint, Saint Jean-Gabriel Perboyre. Pourtant l'émotion est presque de l'effroi en Le voyant cloué sur le bois. La très belle croix que nous processionnons est immense et très lourde, le Christ a la taille d'un homme et Il pèse comme un homme. Ceux qui se relaient pour Le porter peinent. Nous Le suivons dans les prés, marquant chacune des quatorze stations de son chemin de Croix. Chaque clocher de nos paroisses prend sa part, chacun Le suit, portant un instrument de la passion. De cette marche aux côtés du Christ crucifié, les artistes de notre assemblée retiendront certainement deux couleurs : le vert des prés, celui qui dit si bien qu'en Dieu tout commence éternellement, qu'en Lui tout est toujours renouvelé. Le vert donc, couleur de l'espérance. Et le rouge du manteau du Christ, ce rouge qui annonce ce qu'Il lui faudra donner pour nous aimer et nous sauver.

Le soir, nous nous retrouvons encore dans le silence et l'obscurité pour l'office de la Croix. Un à un, nous venons déposer un baiser ou caresser le bois de cette Croix qui, dans cette nuit du Vendredi Saint, n'est pas encore victorieuse.

Ce n'est que sur le petit parvis de l'église des Arques, le lendemain soir, que revient la lumière, celle du feu dehors et celle des bougies dedans. Oui, c'est certain, la lumière revient, c'est la Vie elle-même qui brille de mille feux. Les enfants de choeur remontent de la crypte, la Pieta de Zadkine ne se laisse pas regarder ce soir, car au petit matin, le tombeau sera vide, le Christ, Ressuscité. Quelle belle nuit que la nuit de Pâques ! La Parole de Dieu, nos chants, nos visages, tout dit notre joie, cette joie si particulière, celle qui demeure.

La joie de savoir que le Christ est vivant