• Ils vont au caté, mais pas à la messe...

     

     

    " Beaucoup d'enfants catéchisés ne participent pas à la célébration  eucharistique. 

     Va-t-on finalement renoncer au lien pourtant nécessaire entre la catéchèse et la liturgie de l'Église ? "

     

     

     C'est  l'interrogation d'une personne qui se présente elle-même comme une catéchiste de longue date. Elle note des évolutions à ses yeux inquiétantes. 

     

     

     Des responsables de la catéchèse disent qu'on ne peut plus demander aux enfants de participer à la messe dominicale dans les paroisses nouvelles, car cela impose de se déplacer d'une communauté à l'autre. Dans les revues et les réunions, on pose régulièrement la question : un enfant peut-il faire sa première communion, s'il ne va pas à la messe ? 

     

     

     Dans certaines paroisses, les rares enfants qui viennent à la messe sont pris à part au moment de l'Évangile et ne reviennent qu'au Notre Père.  Autrement dit, ils ne sont pas initiés à la prière de l'Église, ils ignorent la consécration, à l'âge où ils vont  communier ou même faire leur profession de Foi.

     

    A la messe, le Christ se révèle comme 

    vivant et vivifiant.

     

     Ne répondons pas trop vite ! Il y a des difficultés objectives. 

    La première est sans doute la déchristianisation des familles, qui non seulement se maintient mais s'aggrave. La participation à l'Eucharistie devient une chose occasionnelle et périphérique, alors qu'elle devrait être "au cœur de la Foi", pour reprendre  l'expression de nos évêques.

     

     La liturgie est "source et sommet de toute la vie de l'Église et de sa mission", comme Vatican II l'a redit avec insistance.  Prétendre initier des enfants à la Foi et à la vie chrétiennes sans les initier à la prière de l'Église, c'est s'engager dans un combat perdu d'avance. C'est réduire la religion à de belles idées et à de bons sentiments, qui s'envoleront dès le premier courant d'air. C'est renoncer à l'expérience spirituelle et sacramentelle où le Christ se révèle comme vivant et vivifiant. 

    C'est également accepter cette " amputation d'avec le Corps-Eglise " (comme le dit cette catéchiste) tellement contraire à l'intuition des évêques qui souhaitent que la communauté entoure et intègre les enfants catéchisés.

     On peut objecter que la    catéchèse des enfants doit s'inspirer du catéchuménat des adultes, et donc accepter des cheminements, ne pas    sacramentaliser trop vite, valoriser ce que vivent les enfants, etc... Mais la question reste entière (elle se pose d'ailleurs dans le catéchuménat) :comment entrer pleinement dans la vie de la communauté, dans sa prière, dans sa mission, si  habituellement on est ailleurs? S'il fallait choisir, ne vaudrait-il pas mieux la messe sans caté que le caté sans la messe ?

     

     

    Se laisser prendre par le 

    Mystère de la Foi.

     

     

     Sans en faire un absolu (car toute pastorale a ses limites), on pourrait s'interroger à partir de l'expérience des chrétiens orientaux. Dans leur tradition, le catéchisme est pratiquement inexistant; c'est la vie liturgique qui est le creuset de la Foi. 

     

     Nous, les Latins, sommes terriblement rationalistes et volontaristes; eux sont davantage contemplatifs et spirituels. Le souci dominant de nos catéchistes et de nos animateurs liturgiques, c'est que les enfants "comprennent". Souci légitime, mais qui engendre une tentation classique : mettre le Mystère à leur portée, c'est-à-dire l'abaisser, le mettre à leur mesure, c'est-à-dire le rétrécir. Comprendre, n'est-ce pas d'abord prendre, ou se  laisser prendre ? Sans ce "saisissement" premier, on ne saisira jamais rien. En tout cas, pas le cœur de la Foi.

     On trouvera ces propos   mystiques ou utopiques, trop éloignés de la réalité. Pourtant, j'ai vu non seulement des enfants, mais des familles prendre goût à la célébration eucharistique : il est grand, il est beau, le Mystère de la Foi! Certes, les responsables avaient un souci d'accueil et d'adaptation, ils veillaient à la qualité des textes et de la musique. Mais point trop n'en faut : la solution n'est sans doute pas du côté de "célébrations" laborieusement inventées, avec beaucoup de paroles, d'agitation et parfois de niaiseries.

     Une messe avec les enfants ne doit pas être trop spéciale, sinon, on les enferme dans des expressions marginales, au lieu de les introduire dans la liturgie commune de l'Église. Et sans doute ne doit-elle pas être mensuelle, contrairement à une pratique fréquente, car le rythme de l'Église, déjà inscrit dans la Bible et l'Évangile, est le rythme hebdomadaire.

    Père Alain Bandelier.                                            

     

     


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