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Vous avez dit "liberté" ?
Nous sommes encore marqués par la formule de 68: « Il est interdit d’interdire » et la moindre contrainte apparaît comme une atteinte insupportable à la sacro-sainte liberté.
Pensant respecter la liberté des enfants qui leur sont confiés, bien des éducateurs chrétiens affirment leur volonté de ne rien imposer en ce qui concerne la foi :
« Nous pouvons seulement proposer certains temps de prière ou la participation éventuelle à un groupe de catéchèse, souligne une institutrice. Mais pour nous, il n'est pas question d'imposer quoi que ce soit ».
Dans le même sens, Jean-Marc et Danièle expliquent : « Nous ne voulons pas que la foi apparaisse à nos enfants comme un ensemble de contraintes. Obliger un enfant à prier, à aller à la messe ou au catéchisme, nous semble absurde ».
Personne ne peut obliger un enfant à croire en Dieu, ni à vivre en chrétien. Aimer Dieu et son prochain comme soi-même, ne peut procéder que d'un choix libre. Dieu fait de nous des fils, pas des esclaves: s'il a pris,pour nous le risque de la liberté, c'est bien, parce qu'il a soif de notre amour et que, sans liberté, il n'y a pas d'amour vrai. En ce sens, il est donc parfaitement exact qu'on ne peut pas imposer la foi à un enfant. On ne peut que la lui proposer : c'est à lui, et à lui seul, qu'il reviendra de choisir librement de répondre ou non à l'amour de Dieu. Car la foi, rappelons le, est d'abord don de Dieu : et ce don appelle une réponse, libre et personnelle.
Éduquer, pourtant, c'est imposer : ce n'est pas que cela, mais c'est aussi cela.
L'institutrice qui refuse de soumettre ses élèves à des obligations en matière religieuse, leur impose beaucoup de contraintes dans d'autres domaines. Et c'est normal! Non seulement ces contraintes sont inévitables, mais on sait combien elles sont nécessaires à l'enfant. Si ce dernier ne rencontre aucune limite, s'il n'est cadré par aucune règle, il ne peut pas grandir paisiblement.
Pour se construire, la liberté a besoin de garde-fous. Si le but de l'éducation est de permettre à l'enfant d'accéder à une authentique liberté, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Dans tous les domaines, l'autonomie ne devient possible qu'après un temps d'apprentissage, avec d'inévitables exigences: le tout-petit qui commence à marcher voudrait bien explorer toute la maison ; pourtant, on lui interdit l'escalier de la cave ou l'échelle du grenier. De même, pour devenir capable de marcher librement dans la vie, l'enfant a besoin de repères solides, qui lui sont imposés par ses parents et tous les autres éducateurs.
La nécessité des règles et des interdits se vérifie dans tous les domaines de l'éducation, y compris en ce qui concerne l'éducation religieuse.
Si vivre en chrétien c'est aimer, il est bon de se rappeler que c'est la volonté - et non la sensibilité ou l'affectivité - qui nous permet d'aimer en vérité. Avant d'être apte à choisir et à décider par lui-même, l'enfant doit pouvoir s'appuyer sur des exigences éducatives, qui l’aideront à acquérir la plénitude de sa liberté encore incertaine.
L'acquisition de rites est une aide précieuse pour l'enfant. Si, très tôt, il prend l'habitude de plier sa serviette en sortant de table ou de se brosser les dents matin et soir, il accomplira ces gestes tout naturellement lorsqu'il sera plus grand. De même, s'il prie tous les jours avec ses parents, il comprendra intuitivement que la prière fait partie de la vie quotidienne;
et il est bien plus facile de savoir demander pardon ou d'avoir le sens du partage, lorsqu'on y a été habitué depuis sa plus tendre enfance !
On ne peut pas se contenter de proposer, il faut imposer. Mais imposer quoi ? D'abord tout ce qui est vital : pour ne prendre qu'un exemple: l'Église pose la règle de la pratique dominicale,parce que nous en avons besoin pour vivre en fils de Dieu. Obliger un enfant à aller à la messe, c'est tout simplement lui signifier que la messe est nécessaire à la vie chrétienne. D'une manière analogue, nous l'obligeons à manger ou à travailler à l'école.
Certes, la vie chrétienne ne se réduit pas à l’observation de quelques rites : le plus important n'est pas le geste extérieur mais l'attitude intérieure. Il n'en demeure pas moins que les bonnes habitudes acquises durant l'enfance, les obligations, les repères et les limites sont autant de points d'appui, indispensables à l'enfant qui apprend à marcher librement sur les chemins de Dieu.
Prétendre éduquer la foi d’un enfant sans jamais lui imposer quoi que ce soit serait une dangereuse illusion.
Tags : enfant, imposes, dieu, liberte, foi
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